samedi 20 septembre 2014

Les barons de la santé en démocratie

Dans le domaine de la santé comme ailleurs,
la démocratie serait-elle un leurre ?
(Le billet de Loup Rebel)
« Le monde scientifique auquel j’appartiens est largement aussi corrompu que le monde politique » Haroun Tazieff
Le plus préoccupant dans nos démocraties actuelles est la référence de plus en plus systématique aux affirmations des experts. La science et ses adeptes semblent représenter aujourd'hui l'unique source de vérité, à laquelle ne pas se soumettre constituerait un délit, un blasphème. Cette nouvelle religion des temps modernes entend éradiquer toutes les autres croyances. Un moyen radical pour assoir un pouvoir indiscutable, comme au bon vieux temps de l’inquisition où tout ce qui n’était pas approuvé par l’Église et ses Évêques était considéré comme hérétique.

Je voudrais rappeler ici une citation de l'un des plus influents physiciens du XXe siècle, R. P. Feynman :
La science est la croyance en l'ignorance des experts

Tant que les médias confondent propagande et information en se faisant le relais aveugle de ces croyances, de ces manipulations aussi, la démocratie restera un leurre. Les experts, idiots utiles des oligarques, continueront de se nourrir de la crédulité des paroissiens de la pseudo-démocratie, dociles et parfaitement soumis aux préceptes de la doctrine « savante ». Ainsi, l'électeur gardera l'illusion que son droit de voter lui donne le statut de citoyen, maître des lois que d'autres décideront pour lui.

Passons à la démocratie participative, diront les défenseurs de cette façon de décider les lois de la république. J'avoue que cette idée m'a longtemps semblé la seule alternative, jusqu'au jour où j'ai poussé ma réflexion un peu plus loin :
Croire que la démocratie participative échappera au leurre désigné dans le titre de ce billet, c'est la même chose que croire qu'il suffit de changer d'habits pour devenir quelqu'un d'autre.

Si, comme l'a très justement dit Alexis de Tocqueville, « Je ne crains pas le suffrage universel, car les gens voteront comme on leur dira », le vote restera irrémédiablement soumis à la propagande, qu'il s'agisse de désigner un élu, ou de voter une loi.

La vraie question à se poser, en permanence, est de savoir l'intérêt de qui sert le discours tenu – ou rapporté – par les médias.

L'exemple le plus frappant est le discours tenu par les experts supposés défendre la santé des consommateurs de médicaments. Je parle des médecins recrutés par les grands laboratoires pharmaceutiques. Ces médecins-là ne peuvent pas faire autre chose que servir l'employeur qui les paie, sous peine de licenciement, nous sommes bien d'accord ? Et quels sont les objectifs du laboratoire, son intérêt, l'intérêt de ses actionnaires et de tous les défenseurs de la croissance, de concert avec les dirigeants politiques qui se prétendent « au service du peuple » ? L'objectif économique impose de fabriquer et vendre le plus de médicaments possible. Pas besoin de sortir de Polytechnique pour comprendre que cet objectif est non seulement incompatible avec celui de la santé des consommateurs de médicaments, mais la croissance économique du laboratoire est proportionnelle à la croissance des maladies chez les consommateurs. Faut-il vous faire un dessin ?


Comment voulez-vous qu'un tel système, fondé sur la croissance, nous conduise là où les promesses électorales nous annoncent l'avènement du paradis sur terre ?

Tant que la santé publique sera entre les mains de l'industrie pharmaceutique, l'objectif premier restera la rentabilité (le profit). 
 
Or, la croissance économique de cette industrie est incompatible, voire antinomique, avec la décroissance des maladies, puisque ses dernières constituent la source même de la consommation des médicaments produits par les grands groupes pharmaceutiques. N'oublions pas que ce sont eux qui financent la recherche médicale ! 
 
Le conflit d'intérêts est si énorme, que personne ne semble disposé à le voir ! Et ce, malgré les scandales à répétitions...  
 
L'intérêt des industriels n'est pas de tarir la source de leurs profits en fabriquant des vaccins éradicateurs des maladies, sans une contrepartie pour garantir leurs profits à venir. Si un vaccin supprime une maladie, il en faut une nouvelle pour fabriquer et vendre de nouveaux médicaments. 
 
Le vaccin participe à l'image salvatrice de l'industrie médicale, pour que les consommateurs fassent confiance les yeux fermés au médecin qui lui prescrit le remède, et au pharmacien qui lui vend... surtout que le consommateur a l'impression que la pilule est gratuite... alors pourquoi s'en priver ! En réalité, la pilule fait les choux gras des laboratoires, sur le dos des consommateurs qui paient les cotisations sociales.


Les exemples ne manquent pas de maladies créées de toute pièce par le laboratoire qui fabrique le médicament qui va avec. Ainsi, le DSM (manuel Diagnostic et Statistique des troubles Mentaux) qui recense les maladies psychiques a fait passer sa liste des pathologies – et les traitements qui leur sont associés – de 50 à 500 au cours des dernières décennies. Bien évidemment, cette « bible » est écrite par les experts psychiatres recrutés par les laboratoires qui prospèrent en fabriquant les médicaments conçus pour répondre aux besoins des 500 maladies – je devrais dire fausses maladies – nouvellement diagnostiquées. Exactement comme dans n’importe quel autre business de la grande consommation : on crée le besoin et le produit supposé le satisfaire, selon les règles marketing qui assurent les rentes des actionnaires.

Le marketing de la folie :
un commerce mensonger, pour inquiéter et vendre des maladies

La plus grande tromperie du XXe siècle, sans précédent, est le SIDA, « Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise ».

Dès le début de l'année 1983, la recherche autour du virus « LAV » (Lymphadenopathy Associated Virus) nouvellement identifié s’intensifie. Commence une grande période de caractérisation du virus et de développement de tests sérologiques, parallèlement à une recherche visant à démontrer le lien entre le virus découvert et le syndrome (SIDA).

Au cours de cette même année, une collaboration entreprise avec le CDC* à Atlanta, permit, par des études sur des sérums provenant de patients Américains et français, de renforcer l’hypothèse du lien entre le virus et le Syndrome (SIDA), en observant une corrélation entre la présence d’anticorps chez les malades et celle du virus.

Les jongleurs de mots ont transformé l'hypothèse en une certitude, faisant d'un « syndrome » une « maladie », alors que, aucune preuve n'a scientifiquement validé l'hypothèse. « Renforcer » ne signifie pas « prouver ». Qu'à cela ne tienne, exit le virus LAV, un nom de baptême a été donné à un pseudo virus accusé d’être à l’origine du SIDA : le VIH, « Virus d'Immunodéficience Humaine », bien que personne, jamais, n’a vu sous le microscope ce virus dans les prélèvements ganglionnaires ou sérologiques effectués sur des malades. Et pourtant, à défaut de photos inexistantes, la communauté scientifique en a publié moult dessins, en couleur s’il vous plait, car c’est plus crédible.
 
Est-on là dans la science, ou bien dans la science-fiction ?

Un virus fantôme, invisible, diabolisé, représentant ésotérique du mal absolu mandaté pour damner les homosexuels, les drogués, et les époux infidèles. Là où le tour de passe-passe devient la plus incroyable supercherie médicale jamais imaginée, c’est lorsque ce syndrome – le SIDA – se transforme en une « maladie administrative ». C’est-à-dire que le test sérologique qui va vous déclarer porteur du virus s’appuie sur des critères variables d’un pays à un autre. Selon le décret en vigueur dans le pays où vous faites le test de séropositivité, au sens strict, vous êtes « décrété » séropositif. Vous pouvez l’être dans un pays, et pas dans un autre… Par exemple, si un échantillon de votre sang est envoyé dans un laboratoire en Australie, vous ne serez pas séropositif, alors qu’en France vous le serez peut-être. Et si en France votre test vous décrète non-porteur du virus, peut-être que si vous envoyez votre sang en Afrique vous serez séropositif.

Je ne vais pas développer ici les détails qui conduisent à cette disparité « administrative » de la séropositivité, mais si vous souhaitez approfondir vos connaissances, internet foisonne d’informations sur le sujet. Je vous donne quelques liens ci-dessous, mais vous en trouverez mille autres en fouinant sur internet :
Interview du Professeur Montagnier (co-découvreur du VIH)
Photo du pseudo-virus VIH
SIDA : le scandale sanitaire du siècle
Les 10 plus gros mensonges sur le sida
Le SIDA : la première maladie virtuelle de l'histoire !


Selon toute vraisemblance, les principales causes du SIDA seraient à rechercher en direction des facteurs environnementaux et modes de vie :
  • La malnutrition
  • Les vaccinations multiples
  • L’usage de drogues et stupéfiants, ainsi que certains médicaments
  • La soumission à des excès de stress permanents
  • Etc.
Parmi toutes les nouvelles maladies proclamées par les experts, combien sont-elles inventées dans le but premier d’assurer la croissance des laboratoires qui produisent les pilules magiques ?

Enfin, selon les propres déclarations du professeur Montagnier, considéré comme le co-découvreur du VIH : « On peut guérir du SIDA avec des mesures simples d’hygiène, de nutrition, que le plus important ce n’est pas de vendre des produits pharmaceutiques évolués, mais de prendre des mesures sanitaires simples qui réduisent le stress immunitaires, l’activité des radicaux libres et que la nutrition avec des antioxydants est probablement le meilleur remède face au SIDA » (lire l'article).

* CDC : Centers of Disease Control and Prevention. En français, Centres pour le contrôle et la prévention des maladies.

À lire également : « La nouvelle dictature médico-scientifique », de Sylvie Simon. Son livre est présenté sur le site web consacré à l’auteur : L’atelier de la mémoire de Sylvie Simon
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Loup
Loup Rebel
Loup Rebel

Incitation à la désobéissance civique


Les Croix-ZAD des temps modernes contre les GPI
(Le billet de Loup Rebel)

Préambules pour les novices en matière de Croix-ZAD :

GPI = Grand Projet Inutile (Ferme aux mille vaches, Notre Dame des Landes, barrage de Sivens, construction d’un stade dans le parc boisé d’une zone urbaine, etc.)
ZAD = Zone À Défendre. Lorsque, sous un fallacieux prétexte d’aménagement du territoire, la démocratie franchit les frontières de la voyoucratie, une Croix-ZAD s'impose.

Règle d'or :
En démocratie, tout GPI doit être approuvé par les citoyens concernés. À défaut, une ZAD sera occupée par la population pour s'opposer au GPI décidé contre sa volonté.
De plus en plus souvent, un peu partout, un espace naturel est menacé par la convoitise de forces occultes hégémoniques qui décident de s'approprier une zone publique sous le prétexte d'un « Grand Projet Inutile » (GPI). Les habitants du territoire convoité sont beaucoup moins dociles aujourd'hui que jadis, car mieux informés sur le sens du mot « démocratie ». Une résistance se met spontanément en place pour s'opposer au GPI, faisant de l'espace naturel menacé une « Zone À Défendre » (ZAD).
Exemples fréquents de GPI :
Une forêt menacée par les forces occultes des GPI souhaitant faire la part belle à l’agriculture industrielle, ou bâtir un barrage à 8 millions d’€uros (fonds publics bien sûr), ou encore construire un aéroport, voire massacrer un littoral à coup de béton pour en retirer une manne juteuse (pour les promoteurs). Une authentique ZAD doit alors se former sur les lieux du projet criminel, une « Zone À Défendre », un endroit où tout est possible, où on occupe le terrain, où on fait de l’auto-construction, des cabanes, ou on s’accroche aux arbres, où on repousse les incursions des CRS, où on sème et cultive la terre, où on récolte pour nourrir les résistants, où la désobéissance civique est de rigueur pour revendiquer les véritables projets de société : la transition énergétique, la décroissance, la permaculture, le respect de l’environnement... et aussi la démocratie, la grande oubliée dans la plupart des GPI.
incitation à la désobéissance civique
Alors, si près de chez vous aussi se fomente un GPI sans que l'on vous ait demandé votre avis, unissez-vous, rebellez-vous, et occupez le terrain pour vous opposer aux décisions prises sans concertation démocratique.
Prenez garde aux ruses de certains élus qui se parent de l'habit démocratique pour vous tromper : par exemple, après que la décision soit prise par le conseil municipal de votre commune pour un projet (financé par vos impôts), le Maire annonce une « consultation publique » auprès de la population pour le projet en question... En démocratie, cette façon de procéder relève de l'imposture. La consultation doit se faire avant la décision. N'hésitez pas à dénoncer ces supercheries, car elles démontrent que vos élus sont plus proches de la voyoucratie que de la démocratie.
L’élu le plus grotesque n’hésitera pas à invoquer la constitution de la Ve République pour vous clouer le bec : « Vous m’avez élu pour 5 ans de pouvoir indiscutable, donc c’est moi qui décide, c’est ça la démocratie ». Dans ce cas, la séquestration du tyran est un recours légitime, même s’il n’est pas tout à fait légal. C’est un cas de force majeure qui impose le devoir de désobéissance civique.

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Loup
Loup Rebel
Loup Rebel

samedi 13 septembre 2014

La crise de l’adolescence : une crise d’amour

(Paroles de Psy)

« Je t’aime, moi non plus »

« Vivre ensemble nous tue, nous séparer serait mortel »

« Quoi de plus violent que l’amour ? »


Dans un couple, il arrive que l’amour soit si intense que la liberté de chacun se voit réduite à une dépendance à l’autre. Contrairement aux idées reçues, c’est probablement la première cause de divorce, ou de séparation, qui pousse celui ou celle qui se sent piégé dans cet enfermement à rompre le lien d’aliénation à l’autre. Le plus étrange, c’est que pour sortir de cette emprise amoureuse les protagonistes n’y parviennent qu’au prix d’une crise, souvent violente, pathétique et affligeante. Aux yeux de tous, cette traversée qui conduit au naufrage du couple est perçue comme un drame du désamour : « je ne t’aime plus ». 

Eh bien je puis vous affirmer que c’est tout le contraire, ce drame est une crise d’amour, que l’inconscient a déguisé en désamour pour les besoins de la cause : « je t’aime trop, plus que moi-même, ce qui me conduit à faire toute chose pour toi, et rien pour moi, pour répondre à tes seules attentes, et jamais aux miennes. Si je veux vivre et exister, ne plus être esclave du lien qui m’aliène à toi, je dois te quitter ». Malheureusement, ce discours est inconscient, le plus souvent. En prendre conscience permettrait de se séparer « un peu », plutôt que d’aller vers un divorce ou une séparation radicale : « Je t’aime tellement que si je veux vivre et exister – par moi-même et pour moi-même – je dois sortir de l’emprise qui m’enferme dans notre prison amoureuse ». 

Cette introduction permet de comprendre autrement la difficile période de l’adolescence qui plonge la famille dans une crise, tout aussi violente, pathétique et affligeante, que celle qui conduit un couple vers le naufrage fatal. Les liens d’amour réciproques qui lient le parent à son enfant n’échappent pas aux affres décrites ci-dessus (la seule différence, c’est qu’ils ne sont pas érotisés ; du moins cette dimension n’est-elle pas perceptible, consciemment, interdit de l’inceste oblige). 

Avez-vous déjà essayé de vous séparer d’une personne que vous aimez plus que tout ?

C’est pourtant bien ce qui se passe pour l’ado, lorsqu’il prend conscience qu’il va devoir quitter maman, et s’éloigner de papa, pour avancer dans sa vie. Il sait que cette séparation est inévitable, aussi douloureuse soit-elle, s’il veut échapper à l’emprise parentale, et se soustraire de l’autorité à laquelle il s’est soumis par amour. Car l’amour de l’enfant pour ses parents ne lui a pas laissé d’autre choix que leur obéir, se soumettre à leurs désirs.    

Avez-vous déjà été quitté par une personne que vous aimez plus que tout ?

C’est pourtant ce qui vous arrive lorsque votre enfant se transforme en adulte, avant de vous quitter. 

La crise qui accompagne cette période est du même ordre que la crise d’amour décrite en introduction. C’est bien pour cela qu’elle est souvent perçue comme une crise de désamour… En prendre conscience permet au parent d’accepter la séparation, voire de s’en réjouir pour le bonheur de son enfant : « Je t’aime tellement que si je veux te voir vivre heureux et exister – par toi-même et pour toi-même – je dois t’aider à sortir de l’emprise qui t’enferme dans l’amour aliénant que tu me portes ». Cette prise de conscience permet à l’ado comme au parent de faire face à la séparation, aussi douloureuse soit-elle, sans pour autant en passer par une rupture radicale du lien. Lien qui au contraire s’en trouvera renforcé, car dépouillé des scories de la possessivité.  


Ainsi, il devient possible de porter un autre regard sur cette délicate traversée qui conduit l’enfant jusqu’à l’orée de sa vie d’adulte. On ne parlera plus de l’âge « ingrat », mais de l’éclosion victorieuse d’une très belle histoire d’amour. 

L'immense majorité de l'humanité est habitée par l'amour, même quand elle semble n'en rien savoir. Mais ce que les humains ignorent, et qui les conduit à la barbarie, c'est que rien n'est plus porteur de violence que cet amour qui les habite ; et quand le volcan se réveille, il dévaste tout sur son passage. Apprendre ça à nos enfants est plus important que leur apprendre l'art de la guerre, car c'est le seul moyen de canaliser cette « violence amoureuse », de la dépouiller de ses scories de la possessivité.  

Si nous ne voulons pas succomber à l'implacable tyrannie dont l'amour est capable, nous devons prendre conscience de cette violence en sommeil dans les liens d’amour, et de sa propension au despotisme. 


Tant de choses demeurent dans l'ombre de l'inconscient, qu'il est sans doute plus facile de voir le fond d'un océan quand on regarde la surface de l'eau que de saisir toutes les causes qui nourrissent une douleur au fond de l'âme. 
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Paul Dussert
Votre Psy en ligne
Autre billet autour du même thème :

Violence ordinaire d'une mère


samedi 6 septembre 2014

Appel pathétique à l'idolâtrie républicaine

(Le billet de Loup Rebel)

Zoom sur l'impopularité du chef de l'État
et son gouvernement (au 5 septembre 2014)


Un peu plus de deux ans après son élection, seulement 13 % des Français font encore confiance au Président, et 30 % au Premier ministre pourtant fraichement nommé. Un niveau inégalé dans le baromètre TNS Sofres-Le Figaro Magazine.

Ce sondage ayant été réalisé avant la sortie du livre de Valérie Trierweiler, les raisons de la disgrâce du chef de l'État sont à rechercher ailleurs.

Le président de la République paie à la fois son impuissance et ses trahisons.

Le livre explosif de Valérie Trierweiler n'est pas la cause première de l'impopularité inédite du chef de l’État. Il est la goutte qui fait déborder la colère de ses électeurs cocufiés.

Le coup de grâce assené par celle qu'il a profondément humiliée par la façon dont il l'a répudiée ne fait que mettre en lumière la face cachée d'un homme qui ne parvient plus à dissimuler la priorité de ses ambitions personnelles derrière ses mensonges. On se souvient de ses envolées lyriques : « Moi Président... »

La réaction de François Hollande l'enfonce plus profondément encore dans les sombres abysses de ses ambitions personnelles qu'il fait passer avant son prétendu humanisme. Très mal conseillé à mon avis, il commence par culpabiliser ses détracteurs en les accusant de mettre en danger le caractère « sacré » de la République. Puis il affirme avec insistance qu'au nom du chèque en blanc que lui ont signé 50 % des électeurs parmi les 70 % qui se sont exprimés (ça fait 35 % des Français), il accomplira son mandat jusqu'au bout, sans rien changer à ses trahisons. Ce qui revient à nous dire :
  • « Ma fonction de Président de la République est sacrée,
  • vous ne pouvez que la respecter,
  • en votant pour moi vous m'avez investit du pouvoir souverain,
  • et c'est donc à moi seul de décider,
  • vous n'avez plus votre mot à dire. »
Ce qui est exactement le contraire des affirmations du même homme avant d'être élu :


Certains ont parlé « d'attentat à la démocratie », démocratie qui n'est plus la souveraineté du peuple, mais celle de son représentant qui s'autoproclame « monarque investi du pouvoir absolu ». Comme au bon vieux temps des Rois. La seule différence, qui n'en est finalement pas une : 
  • le Roi montait sur le trône au non de son appartenance à une dynastie,
  • le Chef d'État de la Ve République règne à l'Élysée au non de son appar­te­nance à l'aristocratie.
Aujourd'hui, les Français rejettent cette idolâtrie soigneusement nourrie par les oligarques avec la formule magique qui leur assure la signature du chèque en blanc pour 5 ans de pouvoir absolu : « La démocratie, c'est l'élection des représentants du peuple ». Cette assertion est une gigantesque tromperie, car seules les élites ont les moyens de se faire élire, et pour y parvenir, seule la séduction par des promesses mensongères conduit à évincer les rivaux, avec toute la surenchère que cela implique. De fait, le candidat élu ne peut être que le plus habile menteur.
La désignation des représentants du peuple ne peut plus (et ne doit plus) se faire par ce biais. La question est de savoir si les Français sont disposés à « se » faire confiance (démocratie participative), plutôt que de signer un chèque en blanc au prince charmant le plus séduisant. Car la séduction n'est qu'apparence pour tromper. Dans le milieu du grand banditisme, la séduction est le gage de réussite N° 1, exactement comme dans le milieu des hommes politiques (les femmes s'y mettent aussi).

La solution ?

La seule qui permet toutes les parités, femmes/hommes, classes sociales, origine culturelle, etc. est celle mise en œuvre dans les cours d'Assises pour désigner les jurés. En désignant les représentants du peuple par tirage au sort, la démocratie retrouve son sens premier, issu du grec ancien δημοκρατία/dēmokratía, « souveraineté du peuple ».

En affirmant qu'il ne se défera jamais de son mandat, non seulement le Président de la République renie les engagements qu'il avait pris devant les électeurs, mais il revendique « SA » souveraineté à lui, au détriment de celle du peuple qui désapprouve sa politique à 87 %.

Oui, 87 % des Français désavouent la gouvernance du chef de l’État et de ses ministres.


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Loup
http://blog.louprebel.fr/2014/09/appel-pathetique-lidolatrie-republicaine.html
Loup Rebel

dimanche 24 août 2014

Qui est tu ?

(Le billet de Loup Rebel)

Toi qui passes par ici,
tu t'es sans doute demandé quelquefois :
Qui suis-je ? 
Quels inconnus se cachent
au fond de moi ? 

Tu veux savoir qui tu es ?
Écoute ce que tu dis,
ça parle de toi.

Si tu n’entends que les paroles
des fantômes qui hantent ton esprit,
oublie tout ce qu’ils t’ont appris.

Après ça, tout ce que tu diras
ne parlera que de toi.

Écoute-toi, et tu sauras qui tu es.
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Loup
http://blog.louprebel.fr/2014/08/qui-est-tu.html
Loup Rebel

jeudi 7 août 2014

Entre science et croyances...?

(Le billet de Loup Rebel)
Cette chronique exhume un questionnement dont l’origine renvoie aux racines mêmes de l’humanité. L’interrogation suggérée dans le titre ne date pas d’hier. Elle est omniprésente chez Platon, et même si certains philosophes contemporains adoptent une position péremptoire, la frontière entre la « connaissance » et la « croyance » reste improbable. Il arrive toujours un moment où une découverte scientifique remet en cause une certitude précédemment établie par la science.

En 1966, une conférence intitulée « What Is Science » s’est tenue dans l’un des plus importants regroupements d’enseignants des sciences, la National Science Teachers Association. L'un des physiciens les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle, Richard Phillips Feynman, prenait la parole pour expliquer comment « La science est la croyance en l’ignorance des experts ». Il l’a prononcé en 1966 dans un discours. Vous trouverez la traduction de cette intervention à cette adresse : http://www.drgoulu.com/2013/12/18/la-science-est-la-croyance-en-lignorance-des-experts/

La science est la croyance en l'ignorance des experts

Le terreau du pouvoir politique

De toute évidence, le pouvoir politique navigue en eaux troubles dans les coulisses de ce questionnement. La croyance constitue en effet le terreau du pouvoir politique, aujourd’hui pas moins qu’à l’aube de l’humanité. La science nous permet seulement de remplacer nos croyances par d’autres : nos illusions changent, mais ne meurent jamais.
Ainsi, l’humanité s’est fondée sur des croyances. Depuis la nuit des temps, croire a été le propre de l’homme : « Le réel, c’est ce que nous ne connaissons pas », disait Lacan.

Mais… ne pas connaitre le réel ne nous empêche pas d’y croire !

De la caverne de Platon à nos jours :
Quel avenir pour nos croyances ?

Dans l’œuvre de Platon, l’opposition entre la raison et les émotions est omniprésente. La suprématie des émotions, de la sensualité, et de l’illusion y est largement repérée et reconnue. Pour autant, le renoncement à une connaissance absolue du réel n'est pas à l'ordre du jour. C'est justement l'épilogue de l'allégorie de la caverne : la science, vérité pure issue du « monde des idées », finira par l'emporter sur l'imaginaire, les émotions, les illusions, et les croyances, issues du « monde sensible ».

Pas moins au XXIe siècle qu’à l’aube des civilisations, la vérité constitue la quête perpétuelle de l’homme, preuve qu’il ne l’a pas encore trouvé. Pour contourner ce problème de « l'improbable vérité », Platon avait inventé la « théorie des Formes », fondée sur ses convictions et croyances : Le monde des idées, contesté par Aristote, devait permettre d'accéder à la connaissance pure.

Les philosophes de l’époque des lumières ont tous donné leur définition de la vérité. Nietzsche, lui, a posé la vérité comme croyance première de la science. S’il a mis dans la bouche d'un fou son célèbre « Dieu est mort », c’est parce qu'il savait son destin de n'être pas cru, considéré comme fou par la pieuse foule Allemande de la fin du XIXe siècle.

Fort heureusement, disent les sages, le propre de l’homme est aussi de raisonner. Certes, mais il raisonne à partir de ses croyances ; ce qui devrait – logiquement – lui permettre de les remettre en cause. Or, si les dialogues de Socrate ont eu le mérite de mettre en lumière la dichotomie entre la raison et les émotions, ils n’ont pas réussi pour autant à sortir l’humanité de la caverne aux illusions. Chaque tentative pour y parvenir ne fait que nous projeter dans un nouveau nymphée, non moins peuplé d’ombres et de reflets, rien d’autre que de nouvelles hallucinations.

D’aucuns affirmeront que la croyance est seulement le fait des religions, ajoutant que les croyances s’opposent aux vérités… Cette affirmation constitue en elle-même une prodigieuse croyance, aussi cocasse qu’invraisemblable.

Concept d'un réel consensuel

S’il n’y a que des réels subjectifs, le philosophe ne va pas manquer de poser les questions suivantes :
Comment sera-t-il possible, dans ces conditions, que la science construise des théories – même reconnues comme sans portée ontologique, à la manière de Pierre Duhem – susceptibles de faire l’accord des esprits ? 
Faut-il admettre que le réel donne lieu à une traduction psychique commune, autrement dit à une illusion collective ? 
Qu'en est-il alors de la définition philosophique de la vérité ?
Après Jung et son inconscient collectif, Freud dans Avenir d’une illusion (1927) et Malaise dans la civilisation (1927), dans le sillage de l’École de Palo Alto (voir liens internet ici et ), Didier Anzieu, Jean-Bertrand Pontalis, René Kaës… et quelques autres se sont penchés sur ces questions :
Ils ont introduit l’existence d’un inconscient de groupe, et un inconscient dans le groupe. Le fonctionnement groupal (et son recours à l'autoréférence) serait une défense contre l'acceptation des processus inconscients qui y sont à l'œuvre. Ils en arrivent à poser l'existence d'une « illusion groupale » : tout groupe se réfère à son insu à une illusion, un imaginaire, une croyance (ou un ensemble de croyances) qui fondent sa cohésion (apparente).
Pour Didier Anzieu, l'illusion groupale est un sentiment de folie que les groupes en général éprouvent à un certain moment. C'est un état psychique collectif que les membres d’un groupe formulent ainsi : « Nous sommes bien ensemble, nous construisons un bon groupe, avec un bon leader qui partage nos convictions ».
Le groupe est érigé en objet-groupe massivement investi, objet-idéal (objet petit a, dirait Lacan) dont l'appareil psychique a comme fonction de maintenir les liens et la cohésion du groupe. Son homéostasie est pérenne tant que l’illusion groupale n’est pas remise en cause.
Pour Anzieu, le consensus groupal relève clairement de la psychose collective. Sigmund Freud disait la même chose dans son analyse de deux grands objets-groupes : l’armée et la Religion (Psychologie collective et analyse du moi, 1921).

Nous devons donc bien admettre l'idée d'une réalité consensuelle, dans laquelle les illusions individuelles se structurent pour former une illusion groupale, sans laquelle aucune cohésion n'est possible dans aucun groupe.
Au vingt et unième siècle encore, même en dehors des dogmes religieux, les croyances fondatrices de notre civilisation (le christianisme) sont profondément ancrées dans l’inconscient collectif des peuples concernés (dont la France, ça va de soi). Ce qui pose problème c’est l’appropriation de ces croyances par les chefs religieux qui cherchent à les imposer comme étant LA vérité absolue, LE savoir « vrai », LA connaissance révélée par Dieu, donc incontestable. L’être humain, en perpétuel questionnement sur ses origines, croit trouver là les réponses. Cette illusion collective pousse les peuples à se soumettre à ce qui leur est proposé comme étant la loi de Dieu. Cette imposture apporte aux tyrans l’assurance de leur pouvoir absolu.

Le dogme religieux remplit alors deux fonctions complémentaires :
  • Il assure la cohésion sociale,
  • Il garantit la soumission du peuple au chef politique considéré comme « élu de Dieu ».
Il serait faux de croire que la science peut changer ce système, car elle n’est qu’une nouvelle croyance en rivalité avec Dieu. Le dogme de la science se substitue tout simplement à celui du religieux. Aujourd’hui, la « communauté scientifique » devient la référence absolue de la « connaissance ». Religieuses ou scientifiques, ces communautés prétendent toutes les deux détenir le copyright de LA connaissance. Deux vérités – ou plutôt prétendues vérités – s’affrontent : celle proposée par les leaders de la science, et celle des chefs religieux. Chacun avance ses preuves, et chaque preuve ne fait que contredire les croyances qui s’opposent. 
Par exemple :
  • Dieu existe, les miracles le prouvent et pointent l’impuissance de la science face à ces manifestations divines.
  • Dieu n’existe pas, et les miracles ne sont que des illusions, voire des hallucinations, ou encore un effet « placébo » quand il s’agit de guérison d’une maladie.
Dans les deux cas, aucune preuve n’est recevable, ni de l’existence de Dieu, ni de sa non-existence. Ce sont simplement deux croyances opposées, ce qui apporte la preuve du dogme scientifique. Que les miracles n’existent pas ne prouve pas plus que Dieu n’existe pas ou qu’il existe. 
L'humanité est en passe de remplacer la supercherie religieuse par l’imposture scientifique. Les mots croyance et connaissance seraient synonymes, si le second n’avait pas la prétention de faire croire qu’il désigne LA vérité.

De la croyance à la connaissance : la vraie fausse vérité
Qui sont les nouveaux porteurs de vérité ?

Parce que l’être humain est en quête d’illusions, la réussite d’un homme politique dépend avant tout de son talent d’illusionniste. 

Depuis la nuit des temps, croire a été le propre de l’homme, et l’humanité s’est ainsi fondée sur des croyances. Durant les siècles du pouvoir hégémonique de l’église, la supercherie consistait à « faire croire » qu’il s’agissait de la « parole de Dieu ». Imparable.

En ce début du XXIe siècle, la méthode s’adapte à l’air du temps : le tour de passe-passe des Souverains actuels soucieux de rester au pouvoir consiste à nommer connaissance une croyance érigée au statut de vérité. Dès lors, elle est intronisée dans le champ de la science et du droit. Vérité fait loi, les experts en sont les gardiens, nouveaux vicaires apostoliques de la religion des temps modernes, au service du pouvoir. 
On constate que les points de parité entre l’église et la science résident d’une part dans leur conviction commune : elles affirment toutes les deux être porteuses de la vérité, qu’elles nomment connaissance. D’autre part, l’une comme l’autre a des prétentions hégémoniques : toute défiance à sa doctrine est considérée comme une hérésie et un blasphème. 
Sur ces fondements, l'humanité est en passe de remplacer la supercherie religieuse par une imposture scientifique dans l’exercice du pouvoir politique. Les mots croyance et connaissance seraient synonymes, si le second n’avait pas la prétention de faire croire qu’il désigne LA vérité.

La croyance érigée en vérité au service du pouvoir

À l’époque de Galilée, la seule vérité en vigueur était « la parole de Dieu ». Or, jamais personne ne l’a entendu prononcer un seul mot, celui-là. Ceux qui prétendent le contraire sont des imposteurs. Normal, Dieu – si toutefois on croit qu’il existe – ne parle pas. 
Durant la période de l’inquisition (en France et en Espagne notamment), un hérétique qui osait dénoncer une vérité divine était brulé vif sur la place publique. La vérité sur laquelle le pouvoir politique fondait sa légitimité était ladite parole de Dieu évoquée ci-dessus. On ignore si les Souverains y croyaient, mais le peuple oui. En tout cas suffisamment pour s’y soumettre. Remettre en cause cette vérité était un blasphème, passible de la peine de mort. Le procédé est très dissuasif, à n’en pas douter. 
Au XXIe siècle, la vérité sur laquelle le pouvoir politique fonde sa légitimité est la parole de la Science, en lieu et place de la précédente parole de Dieu. Les nouveaux inquisiteurs sont à la solde de ceux qui soutiennent ladite vérité scientifique. Fidèles serviteurs du pouvoir (souvent sans même s’en rendre compte), ils se tiennent prêts à pourfendre les incroyants de leur glaive scientiste. L’hérétique est celui qui ne croit pas en la vérité dominante. Ses propos sont blasphématoires s’il ne se soumet pas à la sainte parole de la science. Les porte-paroles en sont les experts, nommés par le pouvoir pour le servir (les nouveaux prélats).

L’illusion qui fait prendre la carte pour le territoire

Les experts payés par le pouvoir pour contraindre les paroissiens à se soumettre à la vérité scientifique sont encore plus habiles que les anciens maitres du dogme religieux. Les techniques de manipulation ont fait de grands progrès. Les moutons de Panurge qui peuplent la république boivent les paroles des Experts, les trouvant plus à la mode que les paroles d’Évangile... sans se rendre compte le moins du monde qu’on leur montre la carte en leur faisant croire que c’est le territoire.
Quelques exemples :
  • Un jour, quelqu’un vous a dit : « ce que tu vois dans le miroir, c’est toi ». Vous avez fini par le croire, puisque tout le monde y croyait. Vous avez acquis dès cet instant le don d’ubiquité : vous êtes en même temps là, dans votre corps sensible, et derrière la plaque de verre dans laquelle vous voyez votre image. Pas vous, votre image (la carte, et non pas le territoire).
  • L’imagerie médicale :
    Pour ceux qui s’en défendent en affirmant : le réel est mesuré avec un appareil infaillible, dénué de sensibilité et d’émotion, donc lui, il rend compte du réel sans distorsions sensorielles. Oui, vous avez raison, il rend compte. Il vous fournit une carte du réel. Pas le réel, la carte du réel.
  • Le consensus sur l’information fournie par l’appareil – déclaré infaillible – qui rend compte du réel :
    La technique fabrique des outils extraordinaires capables de produire un résultat que l’on qualifiera d’indiscutable. Il n’en reste pas moins que l’instrument en question ne peut signifier quoi que ce soit, sans que la communauté des humains ne se soit accordée pour déclarer que l’instrument est fiable. On s’accorde à dire que l’on peut avoir foi dans les informations que nous fournissent ses relevés. On peut indiscutablement y croire. Transformer cette croyance en une vérité est une redoutable tentation, pour pallier l’angoisse du réel qui nous échappe : « le réel, c’est ce que nous ne connaissons pas » (Jacques Lacan, Séminaires 1974-1975 livre XXII).
Sans parler des énigmes nouvelles que soulève la physique quantique, on pourrait multiplier à l’infini les exemples.

Conclusion

Nous n’avons pas d’autre choix que d’admettre l'idée d'une réalité consensuelle, dans laquelle les illusions individuelles se structurent pour former une illusion collective, partagée par tous, sans laquelle aucune cohésion sociale n'est possible. Les Souverains au pouvoir usent et abusent de cette réalité pour soumettre les peuples, en leur faisant croire que cette illusion est LA vérité démocratique : « Nous sommes bien ensemble, nous construisons une bonne société, avec un bon leader qui partage nos convictions ».

Voilà comment l'humanité est en passe de remplacer – dans l’exercice du pouvoir politique – la supercherie religieuse par une imposture scientifique. Le danger à ne pas prendre conscience de ce tour de passe-passe peut aboutir à élire un dangereux tyran à la tête d’une – soi-disant – démocratie. L’histoire l’a déjà démontré : Hitler est devenu dictateur, avec l’actif soutien d’une grande majorité de ses citoyens (voir ici).
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Loup
http://blog.louprebel.fr/2014/08/entre-science-et-croyances.html
Loup Rebel


Crédit image :
– illustration d’une chronique de Didier Norton dans la revue « Pour la science.fr ».
– La caverne de Platon revisitée par Lacan (Edit Auteur, Paul Dussert, 2012)
– Le Figaro.fr du 06/03/2009 – Arrêt sur image (sélection photo du Figaro Magazine)

Autres sources :
La caverne de Platon revisitée par Lacan (Edit Auteur, Paul Dussert, 2012)
http://www.pedagopsy.eu/livre_groupe_anzieu.htm
 

mardi 5 août 2014

L’anthropologie du verbe :
Passage obligé de la psychanalyse

(Paroles de Psy)

Préambule

Avant de voir le monde, vous l’avez entendu depuis votre demeure prénatale aquatique. Vous ne pouviez pas encore le voir, enfermé dans l’espace clôt de l’utérus, mais vous en perceviez déjà les vibrations acoustiques. Parler d’anthro­pologie implique d’accorder la priorité à l’orale plutôt qu’à l’écrit, c’est-à-dire aux sym­boles auditifs avant leurs figurations graphi­ques, visuelles. C’est tout le sens révélé par cette annonce : « au com­mencement était le verbe ». Dans ce commen­cement-là [le verbe] est syno­nyme de [la parole]. Ici, l’entendu vient de ce qui est « dit », et non pas « écrit ». Croire que la civilisation par excellence est celle de l’écrit relève de la plus insoutenable arrogance. Cela ramène la vie à l’existence d’une civilisation unique. Une civilisation dans laquelle tout ce qui ne rentre pas dans sa page d’écriture est, pour elle, inexistant. Serait-ce là une transposition de la métaphore du « péché originel » ?

Délimitation

Pour poser un cadre temporel à l’étude anthropologique de la vie d’un être humain, nous en fixons l’origine à l’instant de sa naissance. Historiquement, cette origine coïncide avec celle définie par les premiers « explorateurs des âmes », il y a plus de cinq mille ans : les astrologues de Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate (lien). Ce qui pointe, entre parenthèses, la parité entre l’anthropologie d’une vie personnelle et celle de l’humanité. Vous comprendrez plus loin l’importance de cette parenthèse, lorsqu’il sera question des « pressions environ­nementales » et de leurs origines. Certes, nous n’ignorons pas que le patrimoine génétique s’organise depuis l’instant de la rencontre entre le spermatozoïde et l’ovule. Mais laissons au biologiste le soin d’apporter des réponses sur la genèse du corps, en espérant qu’il reconnaisse au psychanalyste sa légitimité pour parler de la genèse de l’âme… !

Origines

C’est donc en sortant du ventre de votre mère que vous avez fait votre entrée dans votre vie. Dès lors, vous avez reçu la pression de votre environnement. Cette pression, vous l’avez reçu, assimilée, puis mimée spontanément selon un rythme unique qui est le vôtre, en interaction constante avec votre héritage génétique. En réalité, il serait plus juste de parler de la pression de « vos » environnements. Déjà, la présence de deux parents issus de deux familles distinctes implique la réunion de deux cultures familiales. Dans le meilleur des cas, l’assemblage des deux fusionne harmonieusement, ou bien l’une absorbe et engloutit l’autre, sans conflits manifestes. Mais le plus souvent, plus ou moins douloureusement, des conflits placent en rivalité – non seulement le père et la mère, mais aussi – l’une et l’autre famille et belle-famille. Votre première lecture du monde vous a donc conduit à identifier au plus tôt ces environnements différents, parfois contradictoires ou opposés, pour en assimiler les pressions, les recevoir, et les mimer. De ces mimes initiaux naitront votre personnalité, vos qualités, vos défauts, à l’origine de votre manière particulière de vous intégrer dans le monde des humains.

Croissance

C’est ainsi que, petit à petit, vous avez eu accès au langage. Sans doute avez-vous très vite remarqué et intégré que le même mot – le même signifiant – pouvait prendre un sens différent dans la bouche de papa et celle de maman. Un même signifiant, et des signifiés différents. Sans être spécialiste en linguistique, vous pouvez entrevoir la façon dont votre propre langage s’est structuré, au fil du temps et de vos expériences auditives. Plus tard, vous avez découvert aussi que la différence des sonorités vocales cachait beaucoup d’autres différences… Et vous avez identifié votre appartenance à l’un des deux sexes. Appartenance que vous avez peut-être acceptée d’emblée, ou peut-être contestée, provisoirement ou définitivement. Que de choses oubliées aujourd’hui, et pourtant si importantes, déterminantes et incontournables dans le fondement de la personne que vous avez construit, avec les matériaux mis à votre disposition dans les premières années de votre vie !
Rassurez-vous, toutes ses informations sont bel et bien stockées dans les méandres de votre mémoire. Elles sont efficientes à tout moment, chaque fois que vous faites face à une situation où vous devez vous adapter. Le seul petit problème, c’est que ces données échappent totalement à votre contrôle ! Elles déterminent à votre insu vos réactions, et adaptent votre comportement sur les modèles mis en place lors de vos premiers mimes : souvenez-vous, les pressions de votre environnement que vous avez reçu jadis, que vous avez assimilées, puis mimées. Ces mimes initiaux sont autant de séquences d’apprentissage qui ont construit jour après jour votre propre façon de vous adapter au monde dans lequel vous avez grandi.

Aboutissement

Et si vous deviez reconstruire cette personne que vous êtes maintenant, avec les mêmes matériaux, les assembleriez-vous à l’identique ?
Si vous répondez oui, vous n’avez nul besoin de faire une psychanalyse, car vous estimez que votre vie vous donne satisfaction. Vous ne remettez pas en cause votre bonheur, ni ce que vous attendez de votre vie.
Si vous répondez non, entreprendre l’étude anthropologique de votre vie vous renverra dans les méandres de vos souvenirs oubliés. Vous pourrez découvrir comment votre inconscient s’est structuré, à l’image de votre langage. Votre parole sera le fil conducteur, la voix qui ouvre la voie vers votre inconscient. Vous prendrez conscience qu’il ne vous est plus interdit aujourd’hui de choisir. Choisir ce en quoi vous voulez croire, sortir de vos symptômes, abandonner les douleurs auxquelles vous êtes enchainé, bref, profiter de la vie tout simplement.

Inconscient : voix du silence

Revenons maintenant sur le préambule de départ, à propos de la priorité de l’oral sur l’écrit. Pourquoi accorder autant d’importance à cette priorité ? Parce que c’est la clef du « placard aux souvenirs oubliés ». Tous ces souvenirs ont été inhumés dans le cimetière de la pensée unique : les apprentissages de l’écrit vous ont contraint à faire mourir en vous la prégnance de l’oral. Souvenez-vous vos premiers balbutiements où, sous la contrainte des lois scolaires, la lecture à haute voix a fini par disparaitre au profit du silence.
Le monde du symbolique – J’entends celui du langage – a reçu l’injonction de s’en tenir à l’écrit, l’oral étant jugé indigne de la civilisation et de la culture. Voilà pourquoi, plus ou moins docilement, vous avez fini par ranger vos expériences auditives fondatrices de votre structure première dans cette partie de vous appelée « inconscient », le fameux placard aux souvenirs oubliés fermé à double tour, dont la clef vous a été confisquée.

Enseignement oral de Lacan

Ici, la phrase prononcée avec beaucoup de discernement par Lacan prend tout son sens : « Notre inconscient est structuré comme un langage ». Il faut entendre langage oral. Pour ceux qui l’ignoreraient, l’enseignement de Jacques Lacan a été oral. D’où la réelle difficulté à y accéder aujourd’hui, même si ses héritiers ont commis la trahison de publier ses séminaires sous le titre trompeur d’Écrits. Les Écrits de Lacan sont en réalité une transcription – après coup – de son enseignement oral.
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Paul Dussert
Votre Psy en ligne
A lire en lien avec ce billet :

Le choc du futur : la culture élitiste dans tous ses états

samedi 26 juillet 2014

Le choc du futur : la culture élitiste dans tous ses états

(Le billet de Loup Rebel)
En dépit des petites révoltes réacs ici ou là, les ploutocrates omnipotents sur le marché juteux de la culture n’ont pas tort de s’inquiéter. De même, la distribution des connaissances au compte-gouttes sous la tutelle institutionnelle de la république doit revoir sa copie sous peine de perdre sa position dominante sur le contrôle des savoirs en circulation dans la population.
Les oligarques du savoir voient leur pouvoir de contrôler la divulgation des connaissances leur échapper. Sauf si la démocratie est vaincue par la censure décidée par ceux qui continueront à se prendre pour les élites – élites politiques, morales, ou religieuses –, demain les encyclopédies du savoir et de la connaissance ne seront ni produites ni distribuées par les mandarins de la culture. Un mandarinat à deux niveaux :
  1. Le pouvoir conféré par le statut du « savant » (celui qui sait) sur le « non savant » (celui qui ne sais pas).
  2. L’enrichissement financier des producteurs et distributeurs d’une culture vendue comme un objet de consommation.
Par exemple, on entend dire que l’édition est une industrie qui se meure, à cause de l’arrivée du numérique et internet. Ce qui me fait bien rire, car ceux qui achètent le plus de livres ne sont pas ceux qui en lisent le plus. Nos enfants n’ont en effet aucune envie d’encombrer leurs étagères avec des kilos de bouquins. Pas plus qu’avec des centaines de disques vinyles pour écouter de la musique.
Les arguments ne manquent pas pour dénoncer, par exemple, l’encyclopédie Wikipédia : « cette encyclopédie étant rédigée par "n’importe qui", elle ne peut pas constituer une référence valable, contrairement aux publications "officielles" produites par les universitaires, seuls véritables détenteurs et garant de la connaissance ». Exactement le même discours que celui des chefs d’église au moyen âge, lorsqu’ils redoutaient voir leur pouvoir disparaitre si les paroissiens se mettaient à lire des livres écrits par « n’importe qui ». Le premier « n’importe qui » auquel je pense s’appelait Galilée… et son comparse Nicolas Copernic… Vinrent ensuite la longue liste des philosophes du Siècle des lumières, puis Friedrich Wilhelm Nietzsche qui porta le coup de grâce en écrivant : « Dieu est mort ». En réalité, ce qui meurt – peut-être – c’est le pouvoir que s’octroie le chef confessionnel en imposant le dogme d’où il tire son prétendu droit à asservir, vassaliser, et inféoder. Demain, à moins que ce ne soit plutôt après demain, un Nietzsche II écrira sans doute : « l’Élitisme est mort ».
Oui, le roi est mort, mais son fantôme, non.
Que l’on ne s’y trompe pas : le modèle républicain n’est qu’une reproduction à peine dépoussiérée du modèle religieux. Vous êtes sceptique ? Alors, expliquez-moi pourquoi le seul savoir qui a droit de cité est celui dispensé sous la tutelle du ministère de l’Éducation nationale. Et là, vous allez me réciter la phrase déjà écrite dans le précédent paragraphe (« … publications officielles… par les universitaires, seuls véritables détenteurs et garants de la connaissance »).
L’heure du  passage de la gouvernance oligarchique à la démocratie participative ne va peut-être pas tarder à sonner. On s’étonne qu’à l’école l’élève ne respecte plus le prof… Mais quand le bambin découvre en navigant sur internet que son prof qui en sait moins que lui veut lui imposer coute que coute sa vision du monde, dites-moi lequel des deux ne respecte pas l’autre ! 

Une révolution culturelle que la France profonde récuse.

Jusqu'au milieu du XVe siècle, l'accès à la connaissance était réservé à quelques privilégiés peu enclins à partager le pouvoir que leur conférait le "savoir lire". En 1450 Johannes Gutenberg a initié une transformation culturelle sans précédent avec son invention du caractère mobile d'imprimerie typographique.
L'essor de l'écrit allait connaître une expansion grandissante en se propageant sur tous les continents autour de la planète... à la vitesse des grands navires capables de traverser les océans. Le livre a pris dès l'or son caractère "sacré", sous l'instigation des hommes d'église dans l'ombre du pouvoir monarchique à cette époque.
Demain, cet amoncellement de livres sera rangé dans… votre téléphone portable !
Les chefs religieux comprirent très vite que l'imprimerie allait permettre au peuple d'accéder à toutes choses écrites. Pour garder le contrôle du pouvoir, les textes fondateurs des lois bibliques se devaient d'être considérés comme "parole de Dieu", sacrée et irréfutable. Le Siècle des lumières et les penseurs qui l'ont peuplé a fait germer une première grande et interminable révolution culturelle, avec des soubresauts qui n'en finissent pas. Mai 68 serait-il le coup de grâce porté aux maîtres du monde, incarné dans le pouvoir religieux sans cesse renaissant de ses cendres ?
En septembre 2013, la BNF (Bibliothèque Nationale de France) mettait à la disposition du public 600 livres à télécharger gratuitement, livres e-book à lire sur un écran, tablettes, smartphone, iPhone, ordinateur...
À ce jour, moins d'un an plus tard (fin juillet 2014), près de 3000 titres sont disponibles.
Demain, combien ? 30.000 ? 50.000 ? Plus encore ? Sans aucun doute, toute la littérature classique des auteurs tombés dans le domaine public sera accessible gratuitement.
Et pour les auteurs contemporains ? Contrairement aux idées reçues, aujourd'hui, la production d'un auteur participe avant tout à l'enrichissement de l'industrie de l'écrit, éditeurs, imprimeurs, et toute la chaîne de distribution.
Il faut savoir que sur 10 €uro payés par le "consommateur" qui achète un livre chez son libraire, seulement quelques centimes arrivent dans la poche de l'auteur. Le même livre vendu 3 €uro en format e-book via internet peut apporter 1 à 2 €uro à l'auteur, mais contribue à mettre en faillite l'industrie Gutenbergienne et compagnie.

Venons-en maintenant à la presse écrite traditionnelle. L'industrie des journaux et magazines a prospéré en exploitant le papier et l'encre, mis en pages grâce au génie de Gutenberg. Or il n’est guère contestable que les responsables politiques au pouvoir ont toujours recherché à contrôler les croyances populaires en finançant les universités et dirigeant les chaînes de distribution d’information.
Voilà pourquoi manipuler les médias est le sport favori des élus qui nous gouvernent. Notre histoire n’est rien de plus qu’une chronique du désir des oligarques à contrôler et influencer l’opinion publique. D'où les manipulations, conspirations, mainmises et autres turpitudes pour biaiser le trafic de l’information, obligeant l’industrie journalistique à rejeter son objectif premier : la transmission objective de l’information.
L'accès à l'information via internet remet en cause les bonnes vieilles habitudes de nos chers élus supposés nous représenter. Comme au temps de l'inquisition, on parle de censure... pour continuer à contrôler l'information, imprimatur capital pour se maintenir au pouvoir.
Qu'on y consente ou non, rien ne pourra empêcher cette révolution. Le business prospère qui exploite le génie de Johannes Gensfleisch, dit "Gutenberg", risque fort d’entendre sonner l’heure de son déclin, avant de passer sous la guillotine du cyberespace. La dématérialisation des objets physiques poursuivra implacablement sa route... Toute résistance ne fera que retarder l'échéance de cette transformation des modes d'accès à la culture.
Avec l'invention du numérique et des technologies qui portent son essor exponentiel, la révolution culturelle en marche depuis... la nuit des temps... connaît aujourd'hui une accélération effrayante, déstabilisant l'individu et les institutions. Les moins véloces cherchent désespérément la pédale de frein, invoquent toutes sortes d'arguments pour lutter contre cette transmutation qui balaye les vieilles bonnes habitudes sécurisantes. On crie "au loup !", on entend que "la planète est en danger"... Même l'éducation Nationale est aux abois, inquiète de perdre le contrôle de ce qui doit ou ne doit pas entrer dans le crâne des bambins... Et la boucle est bouclée une fois encore, comme au temps où le pouvoir était aux mains de l'institution religieuse. Aujourd'hui, c'est l'institution éducative qui règne en maître absolu sur l'accès à la connaissance. Le livre sacré n'est plus la Bible, mais celui de la religion républicaine... et de la science, propriété absolue des institutions qui l'érige en église. Une église divisée en chapelles.
Et nous, dans tout ça ? En dépit de nos petites révoltes réacs, on n’arrêtera pas les transformations technologiques qui font tout pour nous empêcher de nous installer dans la sécurité des habitudes. Affaiblir et fragiliser l'individu en le privant de ses repères... la sélection darwinienne va s'accélérer encore dans les années à venir
Alvin Toffler, l'un des plus célèbres futurologues de notre temps, parle de cette révolution culturelle dans son livre Future Shock (1970), vendu à plus de 10 millions d'exemplaires dans le monde : “Les illettrés du 21ème siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire et écrire, mais ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre, et réapprendre”. L'éducation Nationale n'est pas loin de l'antipode énoncé dans cette phrase. Cette citation revient au psychologue Herbert Gerjuoy, tel que cité par Alvin Toffler dans Future Shock (1970).
Alvin Toffler écrit également :
“[...] La nouvelle éducation doit montrer à l’individu comment classifier et reclassifier l’information, comment évaluer sa véracité, comment changer de catégories si nécessaire, comment passer du concret à l’abstrait et vice-versa, comment envisager les problèmes sous un nouvel angle – comment s’éduquer soi-même. [...]”
Et il ajoute à propos des changements qui nous dépassent :
le choc du futur est le stress et la désorientation provoqués chez les individus auxquels on fait vivre trop de changements dans un trop petit intervalle de temps.”
L’obstacle majeur auquel se heurtent ces profondes mutations à venir est la « résistance au changement ». Dans ce domaine, la France détient sans doute la palme d’or. La majorité des Français – entendre par là la majorité issue des urnes – reste obstinément nombriliste, trop attachée au confort de ses petites habitudes, persuadée de sa supériorité culturelle, feignant d’ignorer ce qui se passe dans le reste du monde. Cette majorité est dans le déni de la culture numérique, quand elle ne le méprise pas ouvertement par des discours hautains, arrogants et dédaigneux.
Cette résistance au changement, c’est du pain bénit pour le chef politique qui cherche à prendre le pouvoir (ou à s’y maintenir), même et surtout quand il présente les réformes proposées dans son programme… Programme qui, ne l’oublions pas, porte le nom de programme « électoral »… c'est-à-dire en vue de se faire élire !
La France est un pays rural à mutation lente. À l’inverse des pays marchands, elle n’est pas spontanément évolutive. Elle a été une grande nation en situation dominante à la fin du XIXe siècle avec la réalisation de grands travaux dans l’ensemble du monde ; avec un éclat culturel exceptionnel dans la peinture, la littérature, la musique, et la création artistique en général. La France n’occupe plus la même position aujourd’hui. Elle ne veut pas se l’avouer et reste figée. Nous sommes aussi entrés dans une société de consommation où la dominante est la satisfaction des besoins individuels qui prennent le pas sur la créativité. Personne n’accepte de sacrifier ce qu’il a obtenu dans des temps plus favorables, et chacun voudrait même avoir un peu plus ! De tels facteurs ne génèrent pas une société tournée vers l’avenir.
Heureusement, la nouvelle génération semble avoir des attitudes, des intérêts, et des capacités innovants. Elle est ouverte sur le monde alors que le Français plus âgé a encore tendance à ignorer (ou refuser) ce qui se passe à Shanghai ou dans la Silicon Valley. Il a les yeux rivés sur son propre système et ne comprend pas pourquoi on veut lui retirer une partie de ses acquis… En revanche, la génération des 20-30 ans est curieuse de ce qui se passe à l’extérieur. Elle a le goût des voyages, même lointains, sans beaucoup de moyens. Ces jeunes qui partent en Chine avec quelques centaines d’euros cherchent un travail, se débrouillent, et souvent y réussissent.
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Loup
http://blog.louprebel.fr/2014/07/le-choc-du-futur-la-culture-elitiste.html
Loup Rebel

mercredi 2 juillet 2014

La lettre d’amour et d’adieu

(Le billet de Loup Rebel)
L’histoire se déroule dans le monde intemporel des étudiants, peu après le dénouement du printemps vers les longues soirées de l’été 1972. Dès notre première rencontre, Vanessa me prit la main pour me dire à l’oreille : viens chez moi, j’habite chez ma copine. 
Elles étaient éblouissantes, toutes les deux, à peine plus jeunes que moi. Leur amour m’a instantanément touché, il semblait idyllique, presque irréel. Quelques semaines plus tard, tandis que j’attendais sur le palier du loft de sa copine, la porte s’ouvrit sur Amanda en larme. Ses sanglots raisonnaient jusqu’à se perdre dans le tumulte des soirées d’été du Quartier Latin. Vanessa nous avait quittés, elle et moi. Amanda me tendit la lettre :

Ma très chère Amanda,

Mon amour pour toi est infini,
mais je veux en finir, car il est sans espoir. 

Je suis habitée ce matin par un inconsolable chagrin.

De nous deux,
l'une parle d'une histoire d'amour,
l'autre dit avoir vécu une histoire de haine,
jalonnée par les affres de la jalousie et ses suspicions.
Il s'agit pourtant d'une seule et même histoire.

Un mur d'incompréhension s’est érigé au fil du temps.

Fuir ce mur est devenu ma dernière et ultime obsession,
échapper au silence en réponse à mes paroles sans écho,
fuir vers la profondeur intense du silence de la nuit éternelle.

Le billet pour ce dernier voyage est un « aller simple ».
Voyage vers la paix absolue de la nuit éternelle, sans étoile.
Un voyage sans retour.

Les scénarios fantasques de tes films intérieurs
ont remplacé la réalité,
et la haine a remplacé l'amour.

Tu vis où ?

M’as-tu dit ce matin devant ton bol de café.
Ces trois mots ont achevé d'anéantir les derniers fils du lien
qui maintenaient encore un sens à ma vie près de toi.

Oui, je vis chez toi.
Merci de me le rappeler.
Je vis chez toi,
comme tu me l'as demandé.

Je vis chez toi encore,
Tu me l'as encore redemandé
il n'y a pas si longtemps.

Tu me l'as toujours demandé
avec toute la force de ton amour.
Comment aurais-je pu te le refuser,
puisque mon cœur s'est toujours
consumé pour toi.

Pour toi seule.
Ne t'en souviens-tu pas ?
Tu voulais vivre « avec » moi.
Je voulais vivre « avec » toi.

Aujourd'hui, dans ton cœur,
la haine a remplacé l'amour,
et tu me reproches de vivre près de toi,
chez toi.
Pardon de vivre chez toi.

Pardon pour tout,
pardon d'avoir contrarié tes projets,
pardon de m’être opposé à ton désir
de quitter ce monde il y a sept ans,
à cause d'une autre avant moi.

Pardon d'encombrer ta vie.
Aujourd’hui c’est à mon tour
de vouloir quitter ce monde.

Pardon aussi pour tout ce que j'ignore des souffrances
que tu t'es infligées à cause de moi,
après celles que tu avais déjà traversées
à cause de cette autre avant moi.

Tu dis avoir honte de notre histoire ?

Alors il faut aussi que je te demande pardon d'exister,
pardon d'être la cause qui t'étouffe du bâillon que tu t'es mis
pour t'empêcher de dire ta souffrance à personne.

Ce bâillon qui t'enferme dans un douloureux silence,
ce bâillon pour cacher ton sentiment de honte,
reflet de ton orgueil blessé
par ton homosexualité non assumée,
pardon d'en être la cause à tes yeux.

La femme qui m'a donné la vie à contrecœur
m'a confessé avant son grand départ pour la nuit éternelle
ses regrets de n'avoir pu me donner son amour de mère
avant que l'enfant que j'avais été
ne fût brisé par cette absence.

Toi qui m'as donné ton amour de Femme,
tu vis aujourd'hui dans le regret de m'avoir trop aimée.

Tu éprouves un sentiment douloureux
de ne pas avoir été payée en retour,
à la hauteur de ce que tu m'as donné de toi.

Pardon pour mon ingratitude qui n'a pas compris
ni pris en compte cette dette envers toi,
alors que cela aurait été « la moindre des choses » à tes yeux.

Pardon, enfin, de n'avoir
ni honte ni regrets pour tout ça,
bien au contraire de toi,
car à nous deux réunis,
notre mémoire sélective a tout enregistré.
Mais toi et moi avons enregistré
deux parties différentes de notre histoire.

Ma tristesse vient de l'amour
que je te porte comme au premier jour,
la tienne vient de la haine
qui a ravagé l'amour que tu partageais hier.

Ton flacon est à moitié vide,
Le mien est à moitié plein.
Les deux réunis 
pourraient en faire un seul entièrement plein,
à partager jusqu'à plus soif.

Nous avons vécu chacun la moitié
d'une même histoire,
une histoire partagée,
une vie commune partagée
en deux moitiés d'histoire,
une histoire qui se transforme
en deux histoires.

L'amour donne vie,
la haine la reprend.

Il n'y a pas de vainqueur.

Il n'y a pas de vain cœur.

La haine peut prendre la vie,
l'amour peut la rendre.

Plus tard dans la soirée, nous entendîmes la voix sans émotion du transistor jamais éteint égrener les infos sur les ondes de Fip radio : "le Quai des Orfèvres est fermé à la circulation entre le Pont Neuf et le Pont St Michel ; le corps d’une inconnue a été repêché dans la Seine..."

Elle l'a donc fait, en dépit de notre espoir qu'elle n’irait pas jusqu'au bout de ses mots.
Amanda n’a pas supporté. Pour elle tout était ma faute. Elle m’accusait des sentiments amoureux qu’éprouvait pour moi Vanessa, à l’origine de leurs querelles de couple depuis notre rencontre. Je ne l’ai jamais revue, mais chaque fois que je lis le poème de Vanessa, l’image intacte de leurs visages s’affichent sur les écrans de ma mémoire. Chaque fois, ce pincement au cœur que nous inflige le souvenir d’un merveilleux malheur* est au rendez-vous de mes émotions.  

Ce récit imaginaire met en exergue le célèbre aphorisme du couple impossible aux prises avec le paradoxe qui oppose la déception et l’attachement : « vivre ensemble nous tue, nous séparer serait mortel ». En lien avec ce aphorisme, toute ressemblance avec des personnages de la réalité ne serait pas une coïncidence…

*Un merveilleux malheur, en référence à l’ouvrage de Boris Cyrulnyk
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Loup
Loup Rebel